Oradour-sur-Glane, ville massacrée et brûlée

02/08/2022

De même qu'on visite les plages du débarquement lorsqu'on séjourne en Normandie, on fait volontiers le détour par Oradour-sur-Glane si on passe à proximité de Limoges. Ici comme là, la guerre de 39-45 contre l'Allemagne nazie a laissé de profondes cicatrices. En sauvegardant ce lieu de mémoire, l'homme n'a pas oublié et veut se souvenir.

Oradour-sur-Glane : voilà un nom dont tout le monde a entendu parler. Ce village proche de Limoges, dans la Haute-Vienne, fut rayé de la carte de France par la barbarie nazie durant la seconde guerre mondiale. Rayé de la carte mais pas de l'histoire puisqu'il fut sauvegardé dans son état de bourg martyr par la volonté des autorités et du Général de Gaulle. Plus tard, le village fut reconstruit à proximité des vestiges de son passé. Oradour-sur-Glane existe toujours et compte aujourd'hui plus de 2000 habitants.

Par les balles et les flammes, l'atrocité s'est abattue le samedi 10 juin 1944 sur cette petite commune de province française en apportant mort et désolation. Quatre jours après le débarquement des Alliés sur le littoral normand, des Allemands d'une compagnie de Waffen SS, guidés par le commandant Dickmann et le capitaine Kahn, entreprenaient l'élimination systématique de toute une population innocente avant d'enflammer hommes et biens dans le feu de l'enfer. Près de 700 personnes périrent dans ce drame, cinq d'entre elles survécurent en simulant la mort.

Visiter cette cité brûlée et mortifiée par la folie meurtrière des hommes, c'est évidemment vouloir comprendre les événements, mais c'est également entrer dans un passé qui date de plus de soixante ans. Franchie l'enceinte qui cerne les lieux, vous êtes dans une vieille photographie couleur sépia, de celle qui témoigne de l'époque, et vous éprouvez la sensation de marcher dans les pas des villageois. Qui eux-mêmes vous ont précédé jadis, ici, dans le quotidien d'une paisible bourgade baignée par une rivière fréquentée par de nombreux pêcheurs. Surprenant de constater que cette vie à jamais figée dans l'éternité ressemble par bien des aspects à la sienne. Le temps s'est refermé sur vous, le vingt et unième siècle n'existe pas encore, vous êtes dans les années quarante...

Mais quel rapport entre ce village naguère animé et ces ruines calcinées, entre ces rails de tramway qui reliaient le bourg à la ville de Limoges et ne mènent désormais nulle part, ces fils électriques qui apportaient l'électricité dans les foyers et pendent inutilement dans le vide, ces quelques voitures qui auguraient d'un essor automobile et gisent à l'état de carcasses, ces enseignes professionnelles qui attestaient d'une grosse activité et ces murs déchiquetés ? Une seule réponse : l'homme dans sa capacité à se transformer en barbare.

10 juin 1944. En ce samedi de printemps ensoleillé, un convoi de soldats allemands se présente à l'entrée sud, sur le pont qui enjambe la Glane. Il est 14 heures. Sans s'arrêter, des chenillettes effectuent la traversée du village, stoppent à la sortie nord en effectuant un demi-tour sur place. Étrange comportement qui interroge plus qu'il n'inquiète véritablement une population résignée à supporter l'occupation étrangère. On ne le saura que plus tard, le bourg est déjà cerné selon un plan soigneusement élaboré un peu plus tôt dans un P.C établi par l'ennemi dans l'Hôtel de la Gare de Saint-Junien. Personne n'entre ou ne sort...

Selon l'un des rescapés du drame, Robert Hébras, auteur en 1994 du livre « Oradour, le drame, heure par heure », personne n'est véritablement perturbé par ces mouvements car aucune animosité n'est lisible sur le visage des soldats. Le prétexte d'un banal contrôle d'identité suffit à rassurer tout le monde, même les plus sceptiques. À tel point que le futur écrivain réplique à sa mère, inquiète de la tournure des événements, qu'il n'a aucune raison de se cacher, étant parfaitement en règle. Ainsi, hommes, femmes et enfants sont rassemblés sans opposer de résistance et conduits sur le Champ de foire où tout le village est regroupé.

Une église, trois granges, un garage, un chai : des lieux à la lourde signification pour les historiens, les rescapés, les familles, les amis des victimes... Des endroits différents où les habitants sont amenés, mais un seul scénario pour un épilogue écrit d'avance. Car presque simultanément, aux environs de 16 heures, tout le monde est aligné face à des mitrailleuses qui ouvrent le feu, fauchant systématiquement les otages. Sur les corps inertes et empilés, les bourreaux jettent paille, foin, bois et tous produits inflammables avant de mettre le feu, incendiant le bourg et ses habitants. Oradour va brûler...

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